Édition synthétique
Le contexte environnemental de l’Asie du Nord-Est est spécifique car la situation des territoires péninsulaires et insulaires en ce domaine y est directement liée à celle de l’Asie continentale. Dans la mesure où ces problèmes transcendent les frontières, la situation qui prévaut dans un État affecte ses voisins. C’est pourquoi toutes les nations de cette partie du monde doivent collaborer pour étudier et gérer les impacts sur l’environnement qui peuvent causer à long terme des dégâts irréversibles. La coopération internationale est donc devenue une nécessité vitale pour atténuer de tels problèmes à l’échelle de la grande région. Chaque pays d’Asie du Nord-Est est confronté à des défis environnementaux différents selon ses conditions naturelles et en fonction de facteurs socio-économiques. La Corée et le Japon partagent les problèmes habituels des pays développés : leurs structures industrielles ont eu pour conséquence l’augmentation de la consommation d’énergie et du nombre de véhicules individuels. En revanche, la Corée du Nord et la Mongolie souffrent des problèmes environnementaux associés à la pauvreté. La Corée du Nord, qui pâtit de pénuries alimentaires et énergétiques, subit une grave détérioration de l’environnement résultant de la dégradation des forêts. La Mongolie et la Chine occidentale sont touchées par la désertification et l’aridification, tandis que le développement industriel récent et rapide de la côte orientale chinoise est une source de pollution de l’air et de l’eau. Les pays d’Asie du Nord-Est sont non seulement situés sur la même bordure de plaque tectonique, mais ils partagent aussi divers risques de catastrophes naturelles provoquées par les vents d’ouest, les courants marins ou les typhons. Avec l’accroissement des risques industriels, notamment du fait du nombre croissant de centrales nucléaires en Chine de l’Est, on prévoit que l’Asie du Nord-Est sera de plus en plus exposée aux catastrophes environnementales. La pollution des eaux marines et fluviales, telles que celles de la mer Jaune et du fleuve Duman (Tumen), constitue également l’une des principales préoccupations dans la région. De tels problèmes sont liés de diverses manières et se répercutent d’un pays à l’autre. Par exemple, les tempêtes de sable asiatiques issues du désert de Gobi et du plateau de lœss chinois se chargent de polluants (particules fines ou composés azotés), au-dessus de la côte orientale de la Chine. Poussées par les vents d’ouest dominants, elles atteignent la Corée et le Japon. Faire face aux sables asiatiques charriés depuis le désert de Gobi est un enjeu important non seulement pour la Corée, mais aussi pour toute la région. La Corée a œuvré activement en vue d’apporter une solution commune à cette question. Elle la considère comme un point essentiel pour les actions du Réseau de coopération environnementale d’Asie du Nord-Est et celles de la Réunion tripartite des ministres de l’Environnement de Corée, de Chine et du Japon. Des experts de ces trois pays ont mené depuis 2013 des recherches conjointes en Chine. Les résultats serviront de base pour les efforts d’aménagement de régions en voie de désertification. La Réunion tripartite des ministres de l’Environnement (connue sous le sigle de TEMM pour Tripartite Environment Ministers Meeting) est désormais une rencontre annuelle qui a été initiée en 1992 par le gouvernement coréen. Son objectif est de mettre en place des mesures communes pour s’attaquer à des problèmes tels que les particules de sable, les pluies acides et le traitement des déchets dangereux. Cette initiative vise aussi à accroître le sentiment d’une communauté environnementale partagée par les trois pays. Cette réunion est la seule conférence ministérielle multilatérale en Asie orientale. Elle a été le rouage majeur d’un mécanisme de coordination au plus haut niveau. Au total, à la date d’août 2017, dix-neuf rencontres ont eu lieu. La carte des problématiques environnementales en Asie du Nord-Est montre la relation entre les conditions qui prévalent dans l’intérieur du continent asiatique et celles de l’Asie du Nord-Est. Elle explique pourquoi tous les pays de la région doivent travailler de concert pour améliorer la situation. Les polluants atmosphériques émis dans les régions industrielles d’un pays à l’amont des vents dominants peuvent contenir des poussières et des gaz solubles. Quand une trop grande quantité de ces polluants sont transportés par le vent au-dessus de la mer ou de l’océan et se chargent d’humidité avant d’atteindre un pays à l’aval des vents dominants, ce phénomène a des conséquences préjudiciables sur l’agriculture et les sols des pays récepteurs des polluants émis par un pays voisin.
Les technologies spatiales nous fournissent des instruments et des méthodes pour étudier des phénomènes en relation avec l’environnement, par exemple les déplacements saisonniers des oiseaux migrateurs qui franchissent les frontières des États et parcourent de longues distances. Le recours aux systèmes d’information géographique (SIG) et de géolocalisation (GPS) permet aux géographes et aux ornithologues de suivre les trajets des migrateurs afin de comprendre leur adaptation à des environnements défavorables. Pour beaucoup d’espèces menacées d’oiseaux migrateurs, la péninsule coréenne offre des sites d’hivernage, de reproduction ou d’escale. En particulier, les petits échassiers (limicoles), qui passent l’hiver en Australie ou en Les bécasseaux et les pluviers qui visitent la Corée du Sud empruntent l’itinéraire de vol Asie orientale-Australie, une des neuf principales routes de migration, fréquenté chaque année par 50 millions d’oiseaux appartenant à plus de 250 familles. Pour ce qui est des migrateurs aquatiques empruntant cet itinéraire, 35 espèces sont considérées comme en danger et 13 comme vulnérables. Si on examine attentivement la localisation des sites de migrateurs sur la côte au sud d’Incheon, on remarque que cette partie du littoral correspond aussi à l’implantation de projets de production d’énergie marémotrice conjointement à une zone majeure de poldérisation à usage agricole et urbain. Il est à craindre que de tels empiétements et remblais littoraux soient une source de conflits environnementaux. Les mesures d’aménagement et de développement de ces polders agricoles et de ces remblais urbanisés devront s’employer à en minimiser les impacts environnementaux négatifs. Aussi faudra-t-il éviter dans ces terrains gagnés sur la mer des types d’utilisation du sol préjudiciables aux sites fréquentés par les oiseaux.
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