Les diverses méthodes de traitement

 Réalités quotidiennes, les ordures et les déchets atteignent des quantités alarmantes et on peut imaginer le volume produit chaque jour dans une mégapole de plus de vingt millions d’habitants comme l’agglomération de Séoul. Une élimination efficace de ces immondices est nécessaire à la protection à l’environnement et les gouvernements ont tout intérêt à gérer correctement les énormes tonnages d’ordures générées par la population. Il existe trois façons de traiter les déchets : le recyclage et la réutilisation ;
l’incinération ; l’enfouissement dans des décharges. Chacune de ces méthodes a ses avantages et ses inconvénients. Bien que le recyclage et le réemploi soient considérés comme la solution la plus écologique, ils engendrent un coût élevé induit par la collecte, le transport et le traitement des matériaux recyclables. L’incinération, qui consiste à brûler les ordures, nécessite de coûteux investissements initiaux pour se doter d’installations conformes à la législation. L’incinération produit des cendres et dégage certains gaz. Si l’on peut filtrer les cendres, des dioxines cancérigènes et autres gaz nocifs sont susceptibles d’être libérés dans l’atmosphère.

 La méthode la plus efficace et la plus économique consiste à entasser les ordures dans une décharge où les coûts d’entretien sont minimes. Mais cela peut créer d’autres problèmes et le choix d’un site d’enfouissement peut s’avérer compliqué. Jusqu’à ce qu’il puisse être fermé, les habitants du voisinage vont devoir combattre les odeurs et supporter un intense trafic de camions à ordures. Un site trop éloigné de la ville requerra un temps de trajet plus long, des coûts plus élevés et moins de rotations pour les camions. De vastes fosses sont creusées dans le sol et on les double de couches de matériaux étanches avant de les mettre en service. Quand on y dépose les ordures, des bulldozers les tassent pour les rendre les plus compactes possible. Les décharges peuvent s’étaler sur plusieurs km2 et les ordures s’empiler jusqu’à 100 mètres de haut. Quand la décharge atteint une hauteur ne permettant plus de déverser plus de déchets, on la ferme et on la recouvre d’une épaisseur de sol suffisante pour la stabiliser. Comme la décomposition des ordures produit du méthane, un gaz à effet de serre, on prend des dispositions avant la fermeture de la décharge pour poser des conduites et installer des dispositifs de traitement pour récupérer le méthane et le transformer en énergie thermique ou en électricité à usage domestique. Cette méthode permet de réduire les émissions de gaz à effet de serre dans l’atmosphère et de produire de l’énergie. Une fois fermée, la décharge peut être réhabilitée en parc. En revanche, à la différence des polders, on n’a pas construit en Corée de lourds bâtiments sur les décharges désaffectées, car leur surface n’est pas assez stable pour en supporter le poids.

 

La gestion des déchets à Séoul

 Dans le cas de Séoul, il existe un site d’enfouissement majeur à Geomdan à l’ouest de la métropole. Cette décharge, dont la construction remonte à 1989 et l’ouverture à 1992, a été mise en place pour remplacer celle de Nanjido aujourd’hui fermée. Constitué de quatre décharges voisines, cet ensemble est le plus gros projet de site d’enfouissement au monde par la superficie qu’il occupe. Bien que leur fermeture ait été initialement prévue pour 2016, des mesures telles que l’instauration d’une taxe d’enlèvement des ordures et l’amélioration du recyclage ont fortement réduit le volume des déchets accumulés et traités durant les années 1990-2000. Les autorités locales de Séoul, Incheon et du Gyeonggi se sont mises d’accord en 2015 pour prolonger de dix ans leur fonctionnement. Elles ont aussi convenu de préparer des décharges locales supplémentaires avant cette échéance. La première décharge, fermée en 2000 (deux autres fonctionnent toujours), a été reconvertie en jardin de fleurs sauvages et en espace de loisirs pour les habitants du quartier.

 Nanjido, une ancienne île sur un affluent du fleuve Han, était autrefois destiné à l’enfouissement des déchets pour Séoul et le nord du Gyeonggi. Après l’ouverture de la décharge en 1977, le site a reçu 110 millions de tonnes de déchets pendant une quinzaine d’années jusqu’à sa fermeture définitive en 1993. À l’intérieur de la zone de 2,9 km2 réservée à la décharge, deux énormes montagnes d’ordures, s’étalant à elles deux sur 1,75 km2, sont formées d’un empilement de déchets qui a fait passer l’altitude du lieu de 8 à 98 m. Cet espace est désormais reconverti en parc écologique connu sous le nom de Parc de la coupe du monde de Nanjido, qui dispose de cinq parcs à thème. Toutefois, le travail de stabilisation est toujours en cours et doit se poursuivre jusqu’en 2022. Le méthane et les autres substances émises par l’ancienne décharge sont utilisés pour le chauffage des installations du Parc et du Stade de la coupe du monde de football de Séoul

 

Les efforts de recyclage des déchets

 Depuis le début des années 2000, la Corée du Sud fait un effort considérable pour réduire la quantité de déchets solides en renforçant le tri à la source. Une attention particulière a été portée aux déchets domestiques en mettant à la disposition des habitants des sacs à ordures de différents types et de différentes tailles. La séparation des déchets en nourriture, produits combustibles, non-combustibles et recyclables se fait à la base pour rendre le traitement des déchets et le recyclage plus efficaces.

 Pays où l’espace est compté, la Corée du Sud travaille aussi à mettre en place d’autres méthodes de traitement des déchets solides pour éviter un nouvel accroissement de la superficie occupée par des décharges. Dans les villages et les petites villes, les dépôts d’ordures continueront à jouer un rôle pour une population en augmentation et resteront une méthode rentable là où le terrain nécessaire est disponible. Il existe certes d’autres façons de traiter les déchets, mais celles-ci entraînent des investissements plus élevés qui nécessitent une population plus nombreuse pour devenir rentables. Dans les plus grands centres urbains des programmes pour réduire les conditionnements inutiles et les emballages en plastique sont déjà en cours.

 Dans une société soucieuse de l’environnement, le recyclage joue un rôle croissant, tandis que les méthodes de tri et de valorisation des déchets se perfectionnent. Un moyen de réduire les déchets organiques réside dans le compostage commercial ou domestique qui permet de transformer les déchets et les restes alimentaires en engrais naturel tout en contribuant à la réduction du volume de déchets solides. Une autre façon de limiter le recours aux décharges consiste à incinérer les déchets solides qui s’y prêtent pour produire de la chaleur qu’on peut utiliser pour alimenter des groupes électrogènes contribuant ainsi à diminuer les importations de fioul pour les centrales électriques. Or, en Corée du Sud, environ un tiers seulement des quelque 250 installations de combustion sont actuellement utilisées pour produire de l’électricité, alors que les autres servent principalement à incinérer les déchets uniquement pour réduire le volume de matières combustibles qui seront traitées dans des décharges.

 Comme on le voit sur les photographies aériennes, il est difficile de masquer une décharge dans le paysage, même lorsqu’elle a atteint sa capacité maximale et qu’on commence à la réaménager pour un autre usage. Bien qu’on puisse la destiner à une nouvelle fonction après l’achèvement de sa réhabilitation en terrain de golf ou en vaste espace vert, la transformation d’une décharge est largement superficielle et cache des effets à long terme. Du fait du contenu de la décharge, l’évolution du profil des sols par des processus biologiques n’est pas possible, ce qui limite l’avenir du site comblé par des déchets. Le traitement par enfouissement présente donc de nombreuses contraintes, mais aussi de nombreux inconvénients.