Édition synthétique

Dokdo, pointe orientale du territoire coréen

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 Groupement insulaire appartenant à la République de Corée, Dokdo se situe au milieu de la mer de l’Est. Plusieurs appellations lui ont été données au cours des temps, dont Sambong, Gaji, Usan, Jasan ou encore Seokdo. D’après les sources historiques coréennes, le nom administratif de « Dokdo » a été utilisé pour la première fois en 1906 par Sim Heungtaek, le magistrat de l’île d’Ulleung. Dokdo a ensuite été incorporée officiellement à la province du Gyeongsang du Nord en 1914.

 Dokdo est généralement présentée comme une île, mais il s’agit en fait d’un ensemble de deux îles principales, Dongdo (littéralement « île orientale ») et Seodo (« île occidentale »), ainsi que de 89 îlots s’étendant sur un espace de plus de 187 000 km2. La plus courte distance entre les deux grandes îles est de 151 m à marée basse. Dokdo se situe à 87 km à l’est d’Ulleung et à 157 km au nord-ouest de l’île d’Oki, dépendante de la préfecture de Shimane au Japon.

 Dokdo a toujours été reconnue comme une dépendance de l’île d’Ulleung qui fait incontestablement partie du territoire coréen. Les deux îles ne sont en fait pas très éloignées : par temps clair, l’une est visible à l’œil nu depuis l’autre, et inversement. On trouve trace de cette observation dès le début du XVe siècle, dans le Traité de géographie annexé aux Chroniques véridiques du roi Sejong (Sejong sillok jiriji, 1432). Les deux îles y sont alors appelées Usan (pour Dokdo) et Mureung (pour Ulleung).

 D’autres sources gouvernementales coréennes de l’époque du Joseon confirment que la Corée a depuis longtemps reconnu Dokdo comme faisant partie intégrante de son territoire. À côté du précédent Traité de géographie, des ouvrages essentiels comme la Description remarquable des sites du pays de l’Est, nouvelle édition augmentée (Sinjeung Dongguk yeoji seungnam, 1531), l’Examen des archives du pays de l’Est (Dongguk munheon bigo, 1770), le Guide sur les affaires de l’État (Mangi yoram, 1808), ou encore l’Examen des archives, édition augmentée (Jeungbo Dongguk munheon bigo, 1908) présentent tous Dokdo comme une dépendance de la Corée. Dans le susmentionné Examen des archives du pays de l’Est, il est par exemple écrit qu’« Ulleung et Usan appartiennent à l’État d’Usan, et Usan est appelé Songdo par les Japonais ». En 1900, l’empereur Gojong décida dans son décret n° 41 de rebaptiser Ulleung en Uldo et de nommer à sa tête un magistrat également chargé d’administrer Dokdo.

 Malgré cette souveraineté fort ancienne de la Corée sur Dokdo, le Japon a fait bien des tentatives pour revendiquer l’île. Toutefois, les documents historiques japonais révèlent eux aussi que Dokdo a toujours appartenu au territoire coréen. À la fin du XVIIe siècle, le royaume du Joseon et le shogunat d’Edo négocièrent un accord concernant les activités de pêche illégales. C’est ce que les historiens appellent le « litige d’Ulleung ». Le shogunat reconnaissait officiellement, le 25 décembre 1695, qu’Ulleung et Dokdo ne dépendaient pas du fief de Tottori et qu’elles n’étaient donc pas la propriété du Japon. Les Japonais se voyaient par ailleurs interdits de pêcher dans les eaux environnant Ulleung. Un autre exemple flagrant de cette reconnaissance japonaise de la souveraineté coréenne sur Dokdo se trouve dans une ordonnance prise en 1877 par le Ministère des affaires suprêmes (Dajōkan), la plus haute autorité administrative de l’archipel. Cette ordonnance confirmait qu’Ulleung et Dokdo étaient des îles extérieures à la juridiction japonaise. En 1905, la préfecture de Shimane annonça dans une déclaration officielle l’incorporation de Dokdo au territoire japonais. Toutefois, cet acte est très largement perçu comme un préambule à la colonisation japonaise de l’ensemble de la péninsule coréenne cinq ans plus tard.

 Le processus de paix à la fin de la seconde guerre mondiale a encore mis en évidence la souveraineté coréenne sur Dokdo. La Conférence du Caire en novembre 1943 stipula que « Le Japon doit être dépossédé de toutes les îles qu’il a conquises ou occupées de force et par cupidité ». Le Commandement suprême des forces alliées dans le Pacifique exclut également Dokdo du contrôle gouvernemental et administratif nippon dans sa note d’instruction « SCAPIN 677 » datée de 1946. Et le traité de San Francisco de 1951 a enfin réaffirmé que Dokdo appartenait bien à la Corée.