Édition synthétique

La Corée du Nord

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 La Corée du Nord s’appelle officiellement la République populaire démocratique de Corée (RPDC). Elle se situe au nord de la ligne de démarcation fixée par l’accord d’armistice de juillet 1953. Sa superficie totale est de 123 138 km², ce qui représente environ 55% de l’ensemble de la péninsule coréenne (223 433 km²). La Corée du Nord compte environ 25,1 millions d’habitants (estimation de 2016) et sa densité de population est de 199 habitants par km². Cette densité ne représente qu’à peine 40% de celle de la Corée du Sud (499 habitants par km²).

 La Corée du Nord est bordée par la mer de l’Est sur sa côte orientale et la Mer Jaune sur sa côte occidentale. Elle partage également une frontière commune avec la Chine le long des fleuves Amnok (Yalu) et Duman (Tumen), ainsi qu’avec la Sibérie russe au niveau de ce dernier cours d’eau. La frontière avec la Chine s’étend sur 1 353 km et est traversée par des ponts comme le pont Amnokgang (littéralement « fleuve Yalu »), qui permet la circulation routière et ferroviaire entre Sinuiju (en Corée du Nord) et Dandong (en Chine). Quant à la courte frontière de 16 km avec la Russie, elle est enjambée par un pont ferroviaire entre les gares de Naseon côté nord-coréen et de Khasan, versant russe. Enfin, la frontière avec la Corée du Sud est marquée par la ligne de démarcation militaire, à l’intérieur de la zone démilitarisée.

 L’une des principales caractéristiques du relief nord-coréen est la chaîne du Nangnim qui traverse le pays du nord au sud en son milieu. Cette chaîne est une partie intégrante du Baekdu-daegan, une ligne de crête qui parcourt toute la péninsule (cf. cartes au chapitre 2 de cet atlas). D’autres chaînes de montagnes se répartissent ensuite de chaque côté de cet axe central : Gangnam, Jeoguryeong et Myohyang à l’ouest, et Hamgyeong et Bujeollyeong à l’est. Les parties orientale et septentrionale du pays sont dominées par des montagnes et des plateaux, tandis que les parties méridionale et occidentales sont essentiellement composées de plaines.

 En raison de cette topographie, les fleuves se jetant dans la mer Jaune, à commencer par l’Amnok (Yalu), le Daedong, le Cheongcheong et le Yeseong, tendent à serpenter à travers les montagnes et les pentes douces avant d’atteindre les plaines. En revanche, les fleuves se jetant dans la mer de l’Est, comme le Duman (Tumen) et le Namdae, ont un tracé généralement plus rectiligne et d’une longueur inférieure aux précédentes. En d’autres termes, les principales plaines de la Corée du Nord sont situées sur des dépôts alluviaux alimentés par les plus grands fleuves qui se jettent dans la mer Jaune.

 De nombreuses couches de substrat rocheux se sont formées entre les ères précambrienne et cénozoïque, fournissant au pays une vaste gamme de ressources minérales. La Corée du Nord est en effet l’un des dix pays au monde à posséder les plus grandes réserves de magnésite, tungstène, molybdène, graphite, baryte, or, mica et fluorite, ainsi qu’une quarantaine d’autres ressources minérales naturelles ayant une valeur économique.

La Corée du Nord est située dans une région à climat tempéré, mais elle possède davantage un climat continental. Ses hivers sont très froids à cause des vents du nord-ouest qui soufflent depuis la Sibérie, tandis que ses étés sont chauds et humides en raison des vents de mousson provenant du sud-est et qui apportent de l’air humide de l’océan Pacifique. Les précipitations annuelles moyennes sont comprises entre 600 et 1 500 mm, dont 53 à 63% se concentrent entre juin et septembre. Ces précipitations sont généralement inférieures à celles de la Corée du Sud et varient considérablement d’une région à l’autre.

 La Corée du Nord disposait dans le passé d’abondantes ressources naturelles présentant une valeur écologique. Mais ses forêts ont été constamment déboisées en raison de plusieurs programmes qui se sont succédés : « Fortification nationale » (l’une des quatre campagnes militaires lancées dans les années 1960), « Champs-greniers » développant les cultures en terrasses (l’une des cinq campagnes de réforme de l’espace naturel qui ont débuté dans les années 1970), et enfin « Recherche de nouvelles terres » (à partir des années 1980). Les forêts ont été particulièrement dévastées dans les années 1990, lorsque les difficultés financières ont obligé les habitants à se mettre en quête de nourriture et de combustible dans les montagnes.

 La Corée du Nord reste fermée à la plupart des pays du monde, commerçant néanmoins avec plusieurs États, tout particulièrement avec la Chine. Elle possède de nombreuses ressources naturelles, des minéraux et des minerais. L’agriculture n’est pas très productive bien que le pays soit situé dans une zone tempérée. Cette activité pâtit en effet du manque de terres arables auxquels s’ajoutent des sols pauvres et l’insuffisance d’engrais. Dans les années 1990 et 2000, le pays s’est retrouvé dans un état de famine et a dû compter plusieurs fois sur l’aide humanitaire internationale. La productivité agricole a modestement augmenté depuis 2009, mais la production de riz, essentielle dans l’alimentation locale, reste loin du niveau de l’autosuffisance.

 L’État participe de manière limitée au développement des infrastructures, des industries, du commerce, de l’éducation et des ressources humaines. Bien que les données économiques nord-coréennes pèchent souvent par leur inexactitude, on arrive malgré tout à estimer le PIB par habitant à 1 700 dollars en 2015, contre 37 100 dollars en Corée du Sud et 56 800 dollars aux États-Unis.

 La Corée du Nord investit massivement dans le développement de son armée, notamment les missiles balistiques intercontinentaux et les armes nucléaires. En 2016 et 2017, la Corée du Nord a accéléré ses efforts pour devenir une puissance nucléaire et a réalisé plusieurs essais. Cette stratégie entre en contradiction avec les politiques des autres États dotés de l’arme nucléaire, ce qui lui a valu de nouvelles sanctions économiques de la part des Nations Unies. Cette situation est devenue une préoccupation mondiale, car elle peut théoriquement dégénérer en conflit nucléaire. Le réchauffement inespéré des relations avec la Corée du Sud et les États-Unis depuis 2018 laisse cependant espérer que cette évolution n’est pas irréversible.

 La Corée du Nord a entrepris plusieurs réformes administratives depuis 1945, année de la Libération. Depuis 2010, elle comprend une ville sous administration directe (la capitale Pyongyang), deux villes spéciales (Naseon et Nampo, toutes deux promues à ce statut pour des raisons économiques) et neuf provinces. Ces deux cartes présentent l’évolution des découpages administratifs depuis le milieu du XXe siècle. En 1946, soit au lendemain de la Libération, il y avait six provinces dans ce territoire appelé à devenir deux ans plus tard la Corée du Nord. En 2019, le pays compte neuf provinces, une ville sous administration directe (Pyongyang) et deux villes spéciales (Naseon et Nampo). Ces changements témoignent des mesures prises au fur et à mesure par le gouvernement en vue de répondre à la croissance démographique tout en exerçant un meilleur contrôle sur les collectivités territoriales. L’État a par ailleurs jugé essentiel, comme en Corée du Sud, de créer des unités urbaines spéciales afin de mieux gérer la concentration de population dans certaines zones. Il faut en particulier retenir la ville spéciale de Naseon qui, située à l’extrémité nord-est, partage une frontière de 16 kilomètres et une liaison ferroviaire avec la Russie. À l’extrémité nord-ouest se trouve la ville de Sinuiju, traversée par un axe routier majeur qui relie le pays à la Chine.