Édition synthétique

Les paysages géomorphologique

prevnext

 Si le territoire coréen est constitué à près de 70% par des montagnes, il ne possède en revanche que de très rares massifs élevés. Le plus haut sommet de la Corée du Sud (hors mont Halla sur l’île de Jeju) est le mont Jiri, situé à environ 50 km de la côte méridionale, qui culmine à moins de 2 000 m. La plupart des plus hauts sommets sont localisés dans la partie orientale, un phénomène causé par l’inégale déformation de la péninsule coréenne. La roche-mère, plus résistante à l’altération et à l’érosion, constitue la base des massifs élevés et accidentés. A contrario, les roches moins résistantes sont généralement caractéristiques des dépressions, bassins et vallées. La Corée du sud présente dans l’ensemble une topographie complexe en raison d’un substrat rocheux varié qui provient de différentes périodes géologiques. Par exemple, les roches métamorphiques sont un héritage de la période précambrienne (plus de 540 millions d’années), tandis que le granite et les roches volcaniques datent du Mésozoïque (entre 66 et 250 millions d’années), et les dépôts de sédiments du Tertiaire et du Quaternaire (moins de 3 millions d’années). Parmi les formes de relief typiques issues de l’altération et de l’érosion, on peut citer les bassins d’érosion, les rivières méandreuses ou sinueuses, les escarpements, les dômes rocheux, les grands affleurements, les tafoni – des petits trous ou caves formés dans le grès ou le granite – ou encore les grottes. Quant aux formes de dépôts, elles se retrouvent dans les chaos rocheux, les dépôts de talus et les zones humides surélevées. D’après le Rapport national sur les écosystèmes, les formes de niveau 1 se retrouvent généralement le long des chaînes du Taebaek et du Sobaek, mais aussi dans les îles.

 

 La carte accompagnée de plusieurs photographies situe les différents types de formes montagneuses de niveau 1. Il n’est pas étonnant que leur distribution soit corrélée à celle des interfluves (cf. carte p. 29). Ces reliefs de montagne présentent divers intérêts pour les activités anthropiques. Les bassins d’érosion à dépôts alluvionnaires offrent par exemple des terres agricoles exploitables. Les pentes et inclinaisons, la dureté des roches-mères, la capacité d’érosion, ou encore les effets sur l’environnement conditionnent également la construction d’infrastructures routières.

 Les cours d’eau peuvent être rectilignes, méandreux ou tressés. Les rectilignes sont délimités par un substrat rocheux dans des vallées étroites ou entre des collines. Ceux en méandres se sont développés dans de larges plaines inondables. Ceux en tresses ou anastomosés se retrouvent dans des dépôts alluviaux à pente extrêmement faible où les écoulements sont plus lents et bifurquent en plusieurs canaux parallèles non organisés. Les formes d’érosion classiques sont par exemple les chutes d’eau ou cascades, les marmites, les gorges et les grottes. Les formes typiques de sédimentation correspondent aux deltas, cônes de déjection, terrasses, lobes de méandres ou encore les zones humides rivulaires. Les plaines inondables formées par les fleuves Han, Nakdong et Geum constituent la plupart des grandes plaines agricoles de Corée du Sud. Les levées naturelles et les marécages de ces plaines inondables se sont développés à partir de la dernière période glaciaire. Les vallées érodées ont été colmatées à partir des sédiments alluviaux. Les deltas, qui sont une extension des plaines alluviales, ont été façonnés grâce à l’arrivée des sédiments par les rivières, les marées océaniques et les vagues. Ils se localisent là où l’embouchure du fleuve dans sa plaine alluviale rencontre la mer. Le delta du Nakdong en constitue un bon exemple. Des cônes alluviaux formés par de petites rivières y sont principalement utilisés pour l’agriculture. Des reliefs issus de l’érosion fluviale sont en outre observables en amont des plus grands cours d’eau ou autour de plus petites rivières. En Corée, beaucoup de ces régions sont devenues des destinations touristiques grâce à l’affleurement du substratum rocheux qui crée un paysage unique. Ainsi, les formes les plus remarquables de reliefs issus de l’érosion fluviale se retrouvent davantage en amont d’un cours d’eau qu’à son embouchure.

 

 La carte ci-dessus présente la répartition géographique des formes fluviales de niveau 1, selon le Rapport national sur les écosystèmes. Celle-ci est généralement associée aux parties supérieures et médianes des linéaires des cours d’eau, dans les zones topographiquement plus élevées, car la qualité environnementale de l’eau évolue en se rapprochant de l’aval. Les lignes de crêtes conditionnent le parcours des eaux et expliquent la correspondance entre les formes fluviales ici représentées et les caractéristiques topographiques (du nord-est au sud-ouest) que l’on retrouve sur la carte de la page précédente. La grande diversité des formes fluviales en Corée, depuis les rivières sinueuses jusqu’aux gorges en passant par les cascades, apporte une valeur économique particulière : les plus pittoresques attirent les touristes tandis que basses plaines à méandres fournissent de l’eau pour l’agriculture. Les zones humides ont quant à elles une double finalité : fournir un refuge aux espèces biotiques et maintenir un environnement dynamique.

 L’eau n’est pas seulement source de vie pour les êtres humains, car elle sert également à produire de l’hydroélectricité grâce à la construction de barrages. Plusieurs d’entre eux ont été volontairement construits à distance de la Corée du Nord, tandis que d’autres ont été édifiés à proximité des centres industriels et urbains.

 Cette carte montre que toutes les formes côtières de niveau 1 sont disséminées le long du littoral et interagissent avec les eaux marines par l’intermédiaire des vagues, des marées et des sédiments en suspension. Elles requièrent une protection constante de la part des citoyens et du gouvernement, du fait de leur importante valeur économique. Les ports jouent un rôle essentiel dans l’activité commerciale du pays. L’industrie de la pêche est également non négligeable. Les installations balnéaires permettent le développement du tourisme, les littoraux offrant des paysages pittoresques. Depuis les années 2010, de nombreux parcs éoliens ont été construits sur les reliefs côtiers et jusque dans les baies peu profondes pour exploiter une énergie renouvelable. Des centrales hydrothermales ont même été construites au large, sur des sites peu profonds. L’aquaculture est devenue une industrie importante en Corée, qui produit des denrées comme les huîtres, les algues (une des bases de l’alimentation coréenne) et diverses espèces de poissons.

 La distribution des formes côtières de niveau 1 (selon le Rapport national sur les écosystèmes) est relativement uniforme sur le pourtour du littoral. On les retrouve notamment sur les îles les moins développées économiquement. Les reliefs côtiers de la Corée peuvent être rocheux, sableux ou vaseux. Les côtes sableuses sont surtout observables dans les baies où les vagues créent une sédimentation active. Les dépôts littoraux se retrouvent sur les plages, les dunes sableuses, les flèches littorales, les bancs de sable, les lagunes ou encore les tombolos (bancs de sable qui relient deux îles entre elles ou une île au continent). Les formes sableuses sont particulièrement visibles sur les côtes orientales et occidentales, là où les littoraux sont bordés par des mers ouvertes, comme sur la péninsule de Taean. Quant aux côtes rocheuses, elles sont la conséquence de reliefs d’érosion et se retrouvent en bordure des promontoires des régions montagneuses ou des buttes littorales, ou encore là où les vagues sont fortes. On les retrouve le plus souvent le long des principaux massifs montagneux des côtes méridionale et orientale. On observe également des falaises, des plateformes rocheuses d’abrasion ou des terrasses littorales sur le littoral oriental. Les côtes vaseuses se trouvent le long des littoraux ouest et sud, car elles sont peu soumises aux flux et reflux de la marée ; l’activité des vagues y est donc faible, ce qui permet le dépôt de sédiments limoneux. On trouve les plus grandes vasières dans la baie du Gyeonggi, où la zone intertidale est large de 8 à 10 m. Les polders, généralement à littoral rectiligne ou à digue, s’intercalent entre ces types de côte de premier niveau. Bien que ces polders ne peuvent être considérés comme naturels ou classés comme de premier niveau, ils jouent aussi bien sur la qualité de l’eau environnante que sur l’action des vagues et les modalités de dépôts de sédiments dans la région.