Édition synthétique

La gestion des cours d’eau

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 Jusqu’aux années 1950-1960, la plupart des cours d’eau coréens étaient peu aménagés. Mais avec l’urbanisation rapide des années 1970, beaucoup ont été couverts ou restructurés. Ce fut par exemple le cas de méandres rectifiés pour être plus rectilignes dans les zones rurales. En conséquence, les pourcentages d’écoulement et les débits ont augmenté, tout comme le volume de sédiments transportés vers l’aval. Ces problèmes ont été mis en lumière dans les années 1990 et ont suscité des projets environnementaux comme des parcs sur berges ou des promenades aménagées sur les rives. Et depuis les années 2000, il n’est plus question de créer de simples parcs, mais plutôt de préserver la valeur écologique et paysagère des cours d’eau, dans l’intérêt des écosystèmes et des hommes.

 Les bassins versants du Han et du Nakdong couvrent les deux tiers de la Corée du Sud, chacun comprenant des zones de montagnes ainsi que des basses terres où se trouvent des provinces et des villes fortement urbanisées. Les trois autres bassins sont plus petits et concentrés sur des terres basses et côtières du sud et de l’ouest.

 Le volume total d’eau utilisée dans le pays a été multiplié par plus de six entre les années 1960 et 1990, passant de 5 à 33 milliards de m3. Cette hausse peut être attribuée à plusieurs facteurs comme l’accroissement de la population, les avancées économiques, le développement industriel et l’augmentation du nombre d’infrastructures d’irrigation. La gestion des écoulements dans les chenaux a ainsi dû être renforcée pour améliorer la qualité de l’eau tout en préservant écosystèmes et paysages. Notons cependant que le volume total d’eau utilisée tend à stagner depuis les années 2000.

 En 2007, l’agriculture était l’activité consommant le plus d’eau (48% du total), suivie par les usages domestiques (23%), l’entretien des cours d’eau (23%) et enfin les usages industriels (6%). Depuis 1998, les usages domestiques et industriels n’ont guère évolué, et les besoins agricoles ont même diminué. En revanche, la gestion des écoulements, utile au maintien des fonctions des cours d’eau, s’est progressivement accrue.

 En 2011, les deux bassins du Han et du Nakdong étaient ceux qui captaient le plus grand volume d’eau, dépassant
5 milliards de m3, loin devant ceux du Geum, du Yeongsan et enfin du Seomjin, comment le montre la carte des usages de l’eau par bassin versant.

 Plus de la moitié (52%) des prélèvements en eau du bassin du Han sont voués aux usages domestiques, liés à la concentration de la population à Séoul, Incheon et le Gyeonggi. Les zones littorales de la région font cependant face à des pénuries qu’il est possible d’attribuer à la détérioration de la qualité de l’eau dans les systèmes de stockage et de distribution. La part de l’agriculture dans cet espace est de 38% et celle de l’industrie seulement de 10%.

 Dans tous les autres bassins versants, les usages agricoles dominent avec des volumes allant de deux tiers aux trois quarts de l’ensemble des eaux, ce qui entraîne des déficits en eau dommageables pour le développement de cette activité. Ces pénuries concernent particulièrement les littoraux et les îles côtières qui ne disposent pas de grands bassins hydrographiques dans lesquels puiser. Les grands complexes industriels situés dans le bassin du Nakdong contribuent par ailleurs à un usage industriel non négligeable (15%).

 La Corée comptait en 2014 pas moins de 17 735 barrages et réservoirs, y compris ceux en construction. Les petites retenues agricoles sont majoritaires. Toutefois, d’importantes infrastructures jouent un rôle clé dans l’organisation du territoire : 20 ouvrages multifonctionnels (procurant deux tiers de la puissance hydroélectrique du pays), 54 à usages domestiques et industriels et 12 à usage hydroélectrique. Il existe trois barrages écrêteurs de crues : le barrage de la paix, le réservoir écrêteur de Gunnam et le barrage du Hantang.

 Le « Projet d’aménagement des quatre grands fleuves » (Han, Nakdong, Geum et Yeongsan) a été initié en 2009 dans le but de promouvoir le développement local en construisant des réservoirs. Il s’agissait de sécuriser les ressources en eau, d’améliorer leur qualité et de développer l’économie des loisirs. Seize barrages ont ainsi été édifiés sur ces fleuves qui ont bientôt accueilli divers équipements de loisirs, tels que des parcs sur berges et des pistes cyclables. Ce projet a cependant suscité de vifs débats qui sont toujours d’actualité en Corée, à propos de son efficacité et de la dégradation de la qualité de l’eau, conduisant à une reconnaissance officielle des problèmes.